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  • 20/07/2024 à 10:15

Les Présidents des universités et l’avenir du pays

Les Présidents des universités et l’avenir du pays

Par Mansour M’henni

Les élections universitaires se sont déroulées sans heurts ni scandales. La démocratie y a imposé son jeu et les résultats semblent satisfaire la majorité des concernés. Au fait, c'est généralement au niveau des établissements que certains problèmes se posent, apparemment en raison de conflits étriqués, nés et nourris dans les poches des calculs égocentriques dont certains collègues ne semblent pas pouvoir se passer. C’est humain, trop humain, nous dirait-on, dans la logique carriériste à laquelle sont liés l’image et le sort de l’universitaire ! A la bonne heure ! Mais n’y a-t-il pas un équilibre à trouver entre le noble engagement à intérêt collectif de l’université et de la société d’une part et l’ambition carriériste de l’universitaire qui serait alors plus liée à cet engagement collectif qu’à d’autres pratiques plus à même de nuire à cet engagement qu’à le conforter ?

L’évocation de ce détail ne serait peut-être pas au goût de certains collègues, mais la franchise doit être de mise quand l’intention est de servir la cause collective, dans quelque domaine que ce soit, et à l’université encore plus parce que celle-ci est le giron où se forment et s’épanouissent les germes d’une saine citoyenneté. Précisons également que les forces « négativement actives » (au double sens de l’expression) sont minoritaires à l’Université, cependant leur effet et leur influence peuvent s’avérer démesurés en raison d’un certain laisser-aller de la foule silencieuse, ne se sentant pas concernée par ces tensions considérées comme marginales, jusqu’au jour où apparaît subitement leur impact avec ses méfaits divers (le parrallèle avec la politique n’est peut-être pas à exclure). Force est alors de prier la majorité non nuisible de se dresser contre les agents du blocage ou au moins d'éviter de se laisser manipuler par eux. Qu'on se rappelle toujours qu'un mal qui prend pied à l'université finit par infecter toute la société. Que les nouvelles équipes de la gouvernance démocratique des universités d’abord, mais aussi toute la communauté universitaire, sachent faire ce qu'il faut pour que tout aille comme requis afin que cette communauté conserve, assainisse et développe son rôle de pilier central dans l’édification sociétale – étant entendu que l’université est à prendre aussi dans sa large acception générique synonymique de l’école, et sœur jumelle de la culture.

Il faut dire que les nouveaux élus inspirent confiance, surtout à la lumière des élections à la présidence des universités. En effet, les présidents des universités constituent les vrais moteurs de la dynamique de leurs institutions de tutelle, comme d’ailleurs tous les premiers responsables des structures sociétales, car leur savoir-faire et leur savoir-être peuvent impulser leurs équipes et tous les collègues en dépendant ou au contraire brimer leur élan et les réduire à la déception annihilante et au désintéressement obligé. Sans juger les prédécesseurs, chacun étant parti pour ses raisons et avec ce qui est à mettre à son compte, force est de percevoir et de soutenir l'optimisme qu'inspire la nouvelle équipe qui nous semble avoir les caractéristiques suivantes : des douze noms élus à la tête des universités de notre pays, cinq sont désormais à leur second mandat et leur réélection consacre en fait une gouvernance rationnellement humanisée et scientifiquement conduite. Ainsi, à leur second mandat, ils ne peuvent que continuer sur cette voie et s’appliquer à fédérer le maximum de collègues autour de l’intérêt de leur université, de l’enseignement supérieur tunisien et de la Tunisie entière. Sept autres présidents d’université arrivent à la tête de cette responsabilité avec une mission d’avenir qui se construit comme une leçon du passé et une ambition du futur, collectif d’abord, individuel ensuite, en conséquence et en corollaire. Cette mission ne peut réussir que par la conversation constructive caractérisant l’humilité scientifique, la modestie humaine et la solidarité intellectuelle et sociale.

Belle et noble mission ! Lourde aussi de par la responsabilité qu’elle présuppose et les défis sociétaux qui s’y jouent. Mais l’espoir est permis ! Non, l’espoir est acquis.

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