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  • 24/02/2015 à 17:23

Lettre de Beyrouth : Pourquoi le Liban ?

Lettre de Beyrouth : Pourquoi le Liban ?
Par Mansour Mhenni
Pourquoi le Liban ? C’est encore cette question qui revient me harceler, le premier jour que je suis à Beyrouth, la capitale de ce pays qui a sans doute hanté le sommeil ou la somnolence de plusieurs personnes dans le monde, parfois en termes de rêves paradisiaques séduisants et passionnants et parfois en termes de cauchemars effrayants et révoltants !

Pourquoi le Liban est donc cette question à double face pouvant se traduire ainsi : Pourquoi cette obstination, chez certains, à vouloir faire échouer le modèle de société, vraiment typique, au Liban ? Et pourquoi il est important, essentiel pour l’humanité, de tenir à ce projet et de le maintenir, dans notre affect et notre intellect, ne serait-ce que comme un rêve à atteindre et un repère utopique à même de guider nos pas vers ce qui ferait prévaloir ce qu’il y a d’heureux dans l’humanité de l’homme.

Le Liban, ce pays d’environ trois millions d’habitants dont le tiers est à Beyrouth, un pays d’à peine plus de quatre cent mille km2, est un pays où une vingtaine de variétés de populations (ethniques, confessionnelles et autres) vivaient et cherchent à vivre encore et toujours dans l’équité des droits et des devoirs, dans l’égalité de prétention à l’appartenance et à la participation.
Pour moi qui suis dans ce pays pour inaugurer, par deux conférences, la dynamique de recherche en « Nouvelle Brachylogie », un concept que j’ai moi-même initié à partir de la philosophie de Socrate et d’une figure de poétique (la brachylogie), pour moi donc, le Liban est par essence et par excellence un projet de société brachylogique dans le sens où peuvent s’y établir les conditions d’une société conversationnelle et où peut ainsi régner l’esprit conversationnel, seul critère d’une vraie démocratie.

J’aurai l’occasion, ultérieurement, de développer plus amplement le concept. Pour l’heure, je me contenterai de dire que tous les acteurs des politiques nationales et internationales, cherchant à mettre en déficit le modèle de société libanais, sont organiquement antidémocratiques même s’ils cherchent à passer pour les chantres de la démocratie et ses principaux défenseurs.
Quand on se promène à Beyrouth, on ne peut rester insensible à cette proximité et cette promiscuité des religions et des appartenances variées. Imaginez le sentiment qu’on peut avoir à se retrouver, à intervalles de temps différenciés, mais à quelques pas l’un de l’autre, un minaret entonnant l’appel à la prière musulmane et une cloche d’église sonnant un autre appel (le même peut-être d’un certain point de vue) pour la prière dans sa religion. Au centre de l’espace les séparant, il y a la tombe de Rafik Hariri, et cela aussi est une autre question à méditer. Je pense aussi que l’intention de mise en échec de la démocratie libanaise n’est pas indépendante de la présence, là presque à vue d’œil, de l’Etat d’Israël dans la structure qui est la sienne et avec l’esprit qui préside à sa politique intérieure et étrangère. Sans doute y a-t-il encore l’effet divers de ces dictatures et de ces semblants de démocraties limitrophes du Liban ou dans son aire géostratégique.

Pour tout dire, il y a tout lieu de croire que Liban est un petit monde qui n’est pas à la mesure des petites valeurs de notre monde. C’est pour cela qu’on chercherait à le condamner à mort en donnant à celle-ci l’aspect d’un suicide. Curieusement, c’est exactement ce qui s’était passé avec Socrate !
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