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  • 10/01/2022 à 10:15

L’UGTT, le pouvoir et l’école

L’UGTT, le pouvoir et l’école
Par Mansour M’henni


Depuis le 25 juillet 2021 et les mesures exceptionnelles décidées par le président Kaïs Saïed, les interactions entre le Chef de l’Etat et la centrale syndicale ont souvent changé de nature selon les humeurs et les déclarations d’une partie ou de l’autre. 
La Loi de finances est venue ajouter de la tension sur ces rapports, y impliquant directement la Cheffe du gouvernement.
Cette situation flottante alliant la consonance et la dissonance occupera encore les devants de la scène politique et sociale, faisant parfois de l’ombre à des questions que les acteurs politiques aimeraient faire valoir comme prioritaires, sans d’ailleurs réussir à en convaincre le commun des gens.
Ce sur quoi nous souhaiterions insister dans le présent propos, c’est la dernière déclaration du Secrétaire général de l’UGTT, Noureddine Taboubi, à propos de l’école.
Il a tiré la sonnette d’alarme sur la situation de l’école publique, en soulignant « la grave dégradation de ses différentes composantes et la baisse du pouvoir d’achat des enseignants », appelant à faire de l’année 2022 l’année de l’école publique et des réformes du système éducatif. 
On ne peut que saluer une telle proposition, surtout qu’elle est avancée sur la base d’une mobilisation et d’une responsabilisation générales permettant de « dépasser les désaccords et d’entreprendre les actions qui s’imposent pour empêcher la dépréciation de l’école publique ».
On est donc dans le prolongement et dans la réitération d’une « morale » ou ligne de conduite déjà affirmée récemment, avec une grande fermeté :« Tout le monde doit faire son mea-culpa et s’abstenir de lancer des calomnies ou de proférer des injures dans l'intérêt de notre pays, car sauver la patrie est une pratique concrète et non pas des slogans creux ». C’est cette dernière citation, nous semble-t-il, qui doit présider à notre engagement général et collectif, tous secteurs confondus, avec un intérêt particulier pour la question de l’école.
Nous l’avions écrit ici même il y a moins de deux mois : « L’école et la société sont inévitablement deux vases communicants qui répondent des règles de ces derniers et de leurs principes de fonctionnement. Toute tentative de séparation entre elles, sous quelque motif que ce soit, est préjudiciable à la culture et à la conscience de citoyenneté et aux conditions du vivre-ensemble.
C’est pourquoi, tout ce qui se fait, dans n’importe quel cadre, gagnerait à exploiter favorablement, et à faire valoir, son lien d’action solidaire avec l’école. »
De ce point de vue, nous serions d’accord avec N. Taboubi sur la part insuffisante, parfois même contreproductive de la famille quant à son devoir à l’égard de l’école, aux sens large et restreint.
Encore faut-il préciser, surtout du point de vue d’une organisation sociale comme l’UGTT, que cette défaillance de la famille est elle-même une responsabilité collective.
Sur un autre point, il importerait également de repenser le rôle des syndicats sectoriels et de la nature ainsi que du degré de leur participation dans l’interaction entre l’administration, représentative du pouvoir, et la revendication sociale.
Car, pour sauver l’école, on ne saurait tolérer la prise en otage des élèves et le blocage du fonctionnement institutionnel. Il y a bien d’autres modes de revendication et d’action, plus civilisés et plus rationalisés, pour conforter l’esprit constructif contre toute opposition par la destruction ou par le blocage. 
C’est pourquoi, au-delà de ces détails spécifiques, le personnel enseignant, la machine pédagogique dans son ensemble et les décisions politiques idoines doivent s’associer, avec les syndicats, les composantes associatives et les compétences variées afin de reconstruire un modèle éducatif adapté aux temps modernes et répondant aux besoins nationaux. Sans doute alors est-il urgent, aujourd’hui plus que jamais, de songer à créer un Conseil supérieur de l’éducation, avec une formation plurielle, variée et objective, et une latitude de fonctionnement indépendante de tous les intérêts étriqués, qu’ils soient politiques, économiques ou sociaux.
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