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  • 06/03/2014 à 14:26

Mehdi Jomaa et la logique des priorités

Mehdi Jomaa et la logique des priorités

Par Mansour M’henni

Il fallait s’y attendre, une première apparition du Chef du gouvernement Mejdi Jomaa, impatiemment attendue, ne pouvait que susciter les réactions les plus variées au vu des conditions objectives des uns et des autres pour la réception de ses déclarations.

En effet, il y a ceux qui, dès le départ, ne voulaient pas de Mehdi Jomaa : ce n’était sans doute par saute d’humeur, mais par conformité aux principes qui commandaient leur engagement politique. Ceux-là, malgré toute la bonne volonté du monde, ils ne peuvent que rester critiques et c’est tant mieux si leurs critiques peuvent redresser la barre en situation de possible revirement ou même de glissements peu sensibles et pouvant conduire, par accumulation, à un vrai dérapage.

 

Il y a aussi ceux qui ne peuvent se libérer de l’idée que Mehdi Jamaa a fait partie du gouvernement d’Ali Larayedh, ce qui est un handicap certain, et qui, de ce fait, ne saurait le libérer d’un contrat tacite avec Ennahdha, un contrat supposé devoir garantir les intérêts du parti « qui aurait quitté le pouvoir sans le léguer ».

 

Il y a également ceux qui accepteraient Mehdi Jomaa sans quelques-uns de ses ministres, qui traineraient, selon ces gens-là, un passé suspect en termes d’incompétence, de manque de transparence, de « profitantisme » ou de népotisme.

 

Cependant, il y a aussi ceux, plus nombreux, qui tiennent à Mehdi Jomaa, non nécessairement par une foi inébranlable en l’homme, qui reste homme et porteur de tout ce qui est humain, mais par une contrainte conjoncturelle qui en fait le moindre mal, faute d’en faire le meilleur bien (Qu’est-ce qu’on en est loin !). De fait, y a-t-il autre choix que de se conformer à cette ultime solution, entendue dans le consensus, pour aller au plus pressé vers un Etat stabilisé, dans son esprit, ses structures et ses institutions, et vers une reprise du rythme de la vie normale, affairée à prendre de la peine au travail et à la reconstruction ?

 

Mehdi Jomaa a eu l’honnêteté, me semble-t-il, de dire la vérité aux Tunisiens. Peut-être pas toute la vérité, mais l’essentiel de ce qu’il peut dire ici et maintenant. Je suis étonné de voir des gens crier à-tue-tête revendiquant un procès pour les gouvernements qui se sont succédé depuis janvier 2011, surtout la Troïka, sous prétexte qu’ils ont dévalisé le pays et ses caisses. Ces gens croient vraiment que Mehdi Jomaa peut s’offrir ce loisir ? S’il le faisait, ne risquerait-il pas de se retrouver à la porte, par tous les moyens possibles, pour le malheur d’une Tunisie qui retomberait dans le chaos et qui perdrait toutes les chances d’une transition démocratique, aussi relative que soit sa démocratisation ?

 

Ce qui ressort des propos de Mehdi Jomaa, c’est que l’évaluation a laissé paraître les vrais problèmes et l’intensité de leurs gravités respectives. Elle a surtout laissé voir une échelle des priorités. Tout n’est sans doute pas parfait dans la feuille de route qu’il a soumise aux Tunisiens pour limiter les dégâts ; cela peut se discuter et se corriger dans la sérénité d’un dialogue constructif et dans le regroupement de tous autour des objectifs essentiels de cette étape de notre histoire.

 

Si on y réussit, un gouvernement légitime pourra alors naître des élections attendues et c’est lui qui aura pour tâche de remettre les pendules à l’heure. En attendant, pourquoi ne pas laisser l’ingénieur d’urgence faire son travail (qui semble être meilleur que celui des médecins), en lui apportant l’assistance possible en cas de besoin, mais loin de toute tentative d’obstruction à l’accomplissement de la tâche précise et ponctuelle dont il a la charge ?

 

 

 

 

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