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  • 18/08/2015 à 14:46

Moyen-Orient, la nouvelle donne turque ?

Moyen-Orient, la nouvelle donne turque ?

Pr. Khalifa Chater
La Turquie est un acteur important, au Moyen-Orient, en Asie centrale  et
bien au-delà. Son adhésion à l'Otan lui permet de faire valoir son statut international et son alliance avec les Etats-Unis. 

Son interpénétration réciproque avec l’Europe  explique sa demande d'entrée dans l'Union Européenne. Son appartenance au Moyen-Orient dynamise son jeu de rôle, dans cette aire jadis dominée par le califat ottoman, dont elle revendique l'héritage.
D'autre part, la présidence de Recep Tayyip Erdogan du  parti islamo-conservateur, l'AKP, appelé à exercer un troisième mandat, définit les options idéologiques du régime turc et les alliances qui en découlent.

On assiste actuellement à un changement d'attitude de la Turquie.  L'attentat suicide du 20 juillet à Suruç, à proximité de la frontière syrienne, qui a tué 32 jeunes Turcs aurait rompu les relations neutres, sinon complaisantes, entre Daeche et Ankara. L'attaque de Suruç a aussi obligé Ankara à s'engager dans la lutte antijihadiste en Syrie. D'autre part, la Turquie a répondu à une demande pressante de Washington pour l'utilisation de la base aérienne d'Incirlik (sud) dans le cadre de la coalition internationale.
Peut-on expliquer ce changement d'attitude, de part et d'autre par une autonomisation du mouvement contestataire ou plutôt par l'émergence du parti kurde, fut-il modéré, lors des dernières instances électorales ? 

Exploitant cette opportunité, la Turquie a multiplié les raids contre les bases du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Ces raids quotidiens depuis près d'une semaine, ont continué à une cadence accélérée.  De nombreux observateurs se demandent si la Turquie n'a pas surtout pour objectif de limiter les capacités des forces kurdes en Syrie et en Irak. Les Etats-Unis ont publiquement apporté leur soutien aux offensives turques, estimant qu'Ankara avait "le droit de prendre des mesures contre des cibles terroristes".
Mais celles-ci pourraient créer une brouille avec les autorités régionales kurdes en Irak, partenaire-clé du combat contre Daeche dans ce pays, s'inquiètent les observateurs.

Lors d’une conversation avec des éditorialistes et des rédacteurs en chef de médias turcs, le 27 juillet, le chef du gouvernement turc, Ahmet Davutoglu, a estimé que « la présence d’une Turquie susceptible d’utiliser efficacement la force peut permettre de changer l’équilibre en Syrie, en Irak et dans toute la région. Tout le monde doit en être conscient ».
Ce qui atteste la volonté turque de développer son jeu de rôle au Moyen-Orient, tout en l'adaptant à la nouvelle conjoncture.

 

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