• Actualité
  • Chronique
  • 27/07/2023 à 10:29

Nos fêtes nationales et nous !

Nos fêtes nationales et nous !

Par Mansour M’henni

Depuis 2011, on ne cesse de s’étonner de l’effritement de l’idée ou du sentiment de commémorations nationales. En effet, on en est arrivé à une sorte de marginalisation des deux plus importantes d’entre elles, en l’occurrence la fête de l’indépendance et la fête de la République.

Précisons d’emblée que la fête de l’indépendance a une valeur universelle parce que tout peuple aspire à être indépendant pour se sentir libre et responsable, ce qui lui permet d’établir des rapports d’interdépendance avec autrui sur la base du respect réciproque et de l’intérêt partagé. Cependant, la fête de la République a valeur de choix et d’auto-identification de soi à un système de gouvernance jugé le plus adapté à la société considérée. C’est pourquoi le fait de choisir d’être dans la gouvernance royale ou celui d’opter pour la gouvernance (con)fédérale ne sont ni meilleurs ni pires que le choix républicain ; ils sont juste jugés plus appropriés chacun à la société qui l’a préféré.

Pour la Tunisie donc, les deux principales fêtes nationales, celles de l’indépendance et celle de la République ont été malmenées par certains politiciens de l’après 2011, qui ont poussé l’absurdité jusqu’à prétendre que la Tunisie n’a jamais été indépendante et que la République n’a jamais existé, comme le soutenait un piètre président de hasard qui aurait mieux fait de réussir son issue forcée dans la médecine communautaire.

La grande question est en fait la suivante : pourquoi chaque prétendant au pouvoir cherche-t-il par tous les moyens à contester son histoire et à ternir l’image de ceux qui se sont sacrifiés pour des valeurs fondatrices de son pays, pour autant qu’il s’en reconnaisse encore après s’être vendu et assujetti à d’autres ? N’y a-t-il pas un quelconque espoir d’établir une logique de l’Histoire faisant de la mémoire une lumière d’avenir ? Reconnaître à la fois le mérite et l’insuffisance des réalisations du passé pour inscrire la présent dans la logique des sereines révisions, dans la plus haute reconnaissance, en vue d’une édification solide et démocratique de l’avenir, celui de la vie interne (voire même de la vie intérieure) et celui de la vie avec autrui, aussi différent qu’il soit, dans le noble sentiment que tout être est pourvu de dignité et de droits, autant qu’il est redevable de devoirs.

Il importe de souligner que la focalisation sur ces deux fêtes n’exclut pas la possibilité d’en retenir d’autres en fonction de l’évolution de la société et des nouvelles pages qui s’ajoutent au livre de son Histoire. Cependant, ces deux premières restent essentielles et l’intelligence serait d’articuler les dates symboliques dans un esprit de cohérence et d’unité et non dans un esprit de dissidence et de démantèlement. En effet, l’histoire d’un pays est un tout, de la même façon que son peuple doit être considéré comme un tout, homogène dans sa diversité, unifiable autour de valeurs qui ne lui font pas perdre sa fierté individuelle et la confiance en ses propres moyens pour réussir, avec les autres, ses semblables, ses frères.

Donc : « Bonne fête de la République ! »… Même avec deux jours de retard !  

Partager sur
Retour
Les Dernières Vidéos
Les Dernières Actualités