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  • 02/05/2018 à 09:18

Parution : recueil de poésie «Petits poèmes en dose» de Mansour M’Henni

Parution : recueil de poésie «Petits poèmes en dose» de Mansour M’Henni
Le mot permet de converser, de dire « les heurts et les bonheurs ». En un peu de mots, on peut dire l’essentiel, sans recourir aux discours prolixes pour se faire entendre plus. C’est ce que semble véhiculer le recueil «Petits poèmes en dose», paru aux Editions l’Harmattan, en 2018, de l’écrivain tunisien Mansour M’henni qui a déjà à son actif cinq recueils de poésie. 

Le dernier en date contient au total 97 poèmes et est divisé en quatre sections (Bricolages brachylogiques, Conversations, Aphorismes et Appendices rallongés), dans lesquelles le poète fait la part belle à la brachylogie. La forme de la quasi-majorité des poèmes est brachylogique, brève. Cette brièveté ne diminue en rien leur portée expressive  voire éloquente, ils sont écrits sur un ton le plus souvent lyrique. Cette brièveté poétique rappelle une forme de la poésie japonaise appelée «le haiku», dont le sens est concentré dans un nombre très limité de vers. M.M’henni invite le lecteur à un périple d’«Itinéraires» fait d’un ensemble de thèmes variés que résument ces poèmes : Bric-Brac, Rencontre, Silence, Mots, Blessures, Surprise, Parenthèse, Paysage, Amour, Poème, Voyage, Désillusion, Grain de beauté, Joie de vivre, Aphorisme, Image, Adieu, Bouclage, Partage,… En deux mots, il est question d’un «Tableau» d’ «Une vie».

Formellement, Petits poèmes en dose recèle des petits poèmes en vers et ‘’des petits poèmes en prose’’, irrigués d’un souffle méditatif, surtout, dans «Aphorismes en série» et «Leçon de vieux», tant ces deux poèmes révèlent les méandres de la vie et la vulnérabilité devant la «Mort» que restitue l’écriture comme bouffée d’oxygène et refuge. Car contre la mort, le mot subsiste et saisit l’éphémère, «[le] bref instant», et le transforme par la suite en «mots brefs» mais qui en disent long sur ce qui à la fois déconcerte et jubile. D’ailleurs, le poète décline brachylogiquement ses rapports doux-amers avec la vie au double. D’où des diptyques qui se font échos : Mots et Mot, Une vie et La vie, To bo or et Not to be où l’on trouve une nette allusion au cogito cartésien dans les deux vers qui forment ce poème : «Je m’interroge donc je suis» = «j’existe donc je suis». Cette structure syllogistique définit l’homme en fonction de son aptitude à réfléchir et à se poser les bonnes questions sur son être, ses limites et ses ambitions à venir. L’on remarque également cette veine réflexive dans le poème «Formule» qui résume en trois syllabes -sous forme d’équation mathématique- ce qu’est un livre, sinon («Moi et Toi»), dit le poète. Autrement dit, la relation entre soi et l’autre, le «souvenir», «la passion blessée » et les « instants sublimes » ne se livrent que dans les livres parce que les ‘’mots s’envolent et les écrits restent’’. Le second quatrain du poème «La vie» le montre :                     

                          La vie est livre aussi

                       Qu’on ne lit qu’une fois

                          Et sa fin est la faim

                         De ce qu’on a manqué

Dans un monde saturé d’images diffusées sur Internet et réseaux sociaux, le poète choisit d’intituler deux poèmes «Face-book» et «Fosse-book», pour dire ainsi que la poésie n’est pas un genre littéraire révolu ou caduc, et qu’elle est en mesure de suivre tout ce qui est en vogue, y compris les nouvelles technologies. La charge évocatrice et expressive des mots brachylogiques est signalée dans un poème dont le titre est le résultat d’une fusion lexicale de deux mots (mémoire et oubli) en un seul terme «Mémoubli». Ce titre brachylogique abolit ou du moins émousse les antagonismes qui peuvent être réconciliés voire même métissés. Un tel métissage est possible au vu des traces mémorielles communes entre plusieurs contrées (Carthagène, Tunis, la Seine, Paris, Beyrouth). Les poèmes : «Itinéraires», «Carthage», «Paris encore», «Oasis», «Liban», et bien d’autres en témoignent.

Dans un lacis de lieux, le poète ouvre sa poésie à la diversité, à « l’art de partager» que «le Poème se charge» d’apprendre aux non initiés au «partage». Car « la poésie raconte/ la vérité de l’être » pour lui apprendre entre autres à se dépouiller de l’animosité et à avancer «Par-dessus [l]es ennuis» ! S’y ajoute « l’observation attentive et l’interrogation des choses, aussi minimes soient-elles, [qui] sont les pieds qui conduisent vers l’intelligence de l’existence » !

«Petis poèmes en dose» de Mansour M’Henni, Paris, L’Harmattan, 2018, 127 pages.

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