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  • 27/06/2019 à 15:44

Pour un débat sur « Culture, pouvoir et démocratie »

Pour un débat sur « Culture, pouvoir et démocratie »

Par Mansour M’henni

J’ai assisté dernièrement à une discussion entre des intellectuels à propos du rapport de la culture au pouvoir et une question s’est posée ayant trait à la façon de gérer la relation entre l’art et le pouvoir. Le propos s’est petit à petit orienté vers l’action jugée « un peu trop massive et exagérément élargie » du ministère des Affaires Culturelles, et considérée ainsi comme défavorable à une vraie créativité de qualité.

Il faut croire que la question vaut bien un débat, au moins, et que la démarche nécessite une évaluation certaine, sans tension et sans parti-pris préalable : le tout donc dans une conversation constructive et franchement interactive. Dans cette perspective et en vue d’une rencontre y afférente, qui viendra sûrement, quelques remarques pourraient lui préparer le terrain et engager la démarche critique dans une pensée à même d’édifier l’avenir démocratique auquel nous aspirons.

Notons d’abord que le principal grief qui était fait, par le passé, aux politiques culturelles, résidait dans la marginalisation des régions et dans la centralisation de la culture. Or, à peine y a-t-il eu le lancement du concept des places culturelles et des cités régionales des arts que le phénomène a été ressenti comme un acte de précipitation débouchant sur une banalisation de l’acte culturel en tant que cadre de conscientisation et d’éveil critique à la citoyenneté créative.

Il faut croire ici qu’il y a un devoir de distinction des niveaux de considération et que la critique, ainsi avancée, relance le débat sur la culture et (de) l’engagement, un débat qui semble devoir s’adapter aux nouvelles conditions politiques du pays – en transition démocratique marquée essentiellement par la liberté d’expression – et au renouveau, si besoin est, de la conception de la citoyenneté culturelle.

En effet, du point de vue de la critique signalée, toute généralisation publique de l’action culturelle relèverait de la récupération, ce qui n’est pas totalement erroné au vu des exemples historiques. On pense alors à la spontanéité carnavalesque comme forme d’expression anti-systémique, pleinement épanouie dans une créativité populaire d’une richesse et d’une profondeur incontestables. On croit donc que la généralisation, par le système, des espaces culturels populaires finira par mater le souffle contestataire inhérent à toute créativité artistique et n’encouragera que le show, le simplisme et la logique lucrative. Bref, on considère que la politique en cours est en train de ravir l’espace public, comme les places dans les villes et les villages, à son profit et non à celui de la créativité.

Comme précisé ci-dessus, la question n’est pas à éluder et vaudrait qu’on en discute. Reste qu’il y aurait sans doute à nuancer la nature des choses, en fonction du contexte des circonstances évoquées et à mettre au centre de notre réflexion l’interrogation suivante : Quelle créativité culturelle, au sens large, dans un contexte démocratique ? Ce qui ne nous empêchera pas – bien au contraire – de remonter l’histoire de notre culture populaire pour en tirer les enseignements qui favoriseraient une meilleure intelligence des choses.

Sur ce point précis, un développement est à faire et il faudra bien y revenir.

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