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- 19/11/2025 à 14:13
Pour un pas important vers la normalisation de la citoyenneté

Par Mansour M’henni
Il est peut-être temps d’engager l’opération électorale des municipalités après un temps qui commence à se faire long et lourd pendant lequel la gestion des affaires locales a été confiée à un secrétaire général faisant fonction de président de la municipalité, sous la tutelle du gouverneur de la région, souvent évitant de trop s’en mêler de peur de se faire piéger dans les filets des conflits d’intérêts.
Au sommet de l’Etat, le Président de la République a donné un bon signe, le 14 novembre 2025 lors de l’audience qu’il a accordée à Farouk Bouasker, président de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie), en lui soulignant « la nécessité de se préparer à l’organisation des élections des conseils municipaux, une fois qu’une nouvelle loi les régissant aura été établie ». Cette nouvelle loi aurait pour objectif de « garantir une cohérence entre les différents niveaux élus (local, régional et national) afin d’assurer une gouvernance plus décentralisée, axée sur les attentes des citoyens ».
Par ailleurs, un peu avant cette audience, le Président de la commission du règlement intérieur au Conseil national des régions et des districts, Heitham Sfar, avait informé que « le projet d’amendement de la loi organique relative aux municipalités est actuellement dans sa phase finale d’élaboration ». Tout cela est prometteur, mais cela n’exclut pas le souci de voir ces étapes dites terminales se prolonger encore et virer vers des discussions rhétoriques ou des provocations politiques finissant par retarder ces élections municipales, pourtant vitales pour la démocratie locale.
Sincèrement, il y a partout dans le pays un malaise profond quant à tous les intérêts citoyens qui trainent en raison d’une absence fâcheuse de conseils municipaux élus car, disons-le de nouveau, les municipalités élues constituent le pilier principal et le fondement essentiel de la démocratie locale, et la démocratie locale est aussi l’école principale de la démocratie horizontale qui semble être l’objectif visé par la politique de Kaïs Saïd, même si, pour certains, elle n’en donne pas toujours l’air. De fait, de tels retards peuvent être considérés comme faisant partie de « la stratégie de noyer le poisson », alors que les recommandations présidentielles donnent l’impression, la conviction même, d’un projet politique cohérent autour de l’ensemble des valeurs constitutives de cette démocratie convoitée et souhaitée, la démocratie conversationnelle.
On peut comprendre le besoin, la nécessité même, de redressement de certaines pratiques d’obstruction au projet ; mais le principal obstacle à la réalisation d’un projet de ce genre, c’est de trop le faire trainer, jusqu’à susciter le doute et provoquer l’essoufflement de l’attente.
L’urgence serait donc de prendre les déclarations présidentielles pour un ordre d’urgence et d’engager tous les concernés dans une dynamique de priorité primordiale afin que soit fêtée, le 25 juillet 2026, une des réalisations cruciales de la nouvelle démocratie annoncée, le retour consolidé à des municipalités élues, sur la voie d’une conscience et d’un devoir de citoyenneté généralisés.
Ce qui serait en définitive juste une normalisation de la citoyenneté !




