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  • 05/07/2019 à 09:23

Pour une conscience d’autoprotection de la société

Pour une conscience d’autoprotection de la société

Par Mansour M’henni

On a assez glosé et on continue encore sur ledit « Jeudi noir » du 27 juin 2019, ce jour marqué du jeu pervers sur la santé du président de la République pour des enjeux politiques non moins pervers. Il n’est cependant pas inutile d’en reparler encore pour essayer d’en raisonner les effets et les causes.

Rappelons d’abord que ce n’était pas la première fois qu’on se prêtait à ce jeu. En effet, quelque chose du genre a eu lieu en novembre 2017 et, à cette occasion, je me souviens avoir écrit, ici même, le commentaire suivant :

«Les dernières manipulations de l’information faisant état, au nom de France 24, du décès du président de la République n’auraient en définitive qu’une explication possible : c’est que des Tunisiens, à la solde, semble-t-il, ne lésinent sur rien dans leur folie du pouvoir, quitte à vendre le pays et ses citoyens ou à le pousser dans le cafouillage et même le chaos les plus préjudiciables à son avenir et à celui des générations futures ! Cela est d’autant plus plausible que l’enquête en cours a dévoilé l’implication d’un parti politique dans cette fâcheuse méprise ! Faut-il pleurer ? Faut-il en rire ? Ce qui est sûr : la Tunisie leur survivra ! »

Sans doute peut-on reconduire le même propos pour ce qui s’est passé le 27 juin dernier ; mais il importerait d’en souligner le surplus de gravité, de cette gravité nuisible qui n’en a pas moins des revers relevant du dicton disant : « A quelque chose malheur est bon ».

La démarche législative provoquée dans l’Assemblée des Représentants du Peuple, sous prétexte de vacance du poste présidentiel, revêt un aspect cynique, quelles que soient les intentions, différemment présentées et jugées, pour une raison ou pour une autre. C’est qu’il y avait dans cette démarche à la fois un manque de respect à l’instance présidentielle et un déficit de considération personnelle pour le Président lui-même, compte tenu de son parcours historique et de sa place dans l’Histoire du pays, qu’on ne saurait occulter, surtout en pareille circonstance, indépendamment de nos positions politiques et des divergences d’opinions qu’on aurait à son égard.

Par ailleurs, au-delà de cette dimension éthique, la situation est aggravée par la concomitance de cet état de santé avec des entreprises terroristes, de peu d’effet, heureusement, et par la répercussion, sur des médias étrangers, d’une fausse information faisant état du décès du chef de l’exécutif du pays. A la fin, nous voici devant une commission d’enquête annoncée par le Président de l’ARP, devant explorer les tenants et les aboutissants du comportement frivole des représentants du peuple, sans parler de la cacophonie qui ne cesse d’altérer les débats et les travaux législatifs depuis, au détriment d’autres questions liées au vif de la dynamique nationale vers une échéance électorale que d’aucuns semblent vouloir compromettre.

Devant une telle situation, peut-on résister à l’idée de prendre pour des complots prémédités tous les incendies survenus (autant dire « provoqués ») dans les lieux promettant une saison agricole assez confortable ?

Mais, pour faire contre mauvaise fortune bon cœur, j’ai parlé d’une « gravité positive » de ce jeu pervers de certains de nos politiciens des temps présents. Il résiderait, me semble-t-il, dans l’empressement de certains députés à rappeler et ouvrir des dossiers qui traînent, dans un nouveau chassé-croisé des accusations partisanes, ce qui serait de nature à secouer la conscience citoyenne et à inciter le commun des Tunisiens à s’impliquer profondément dans l’édification de l’avenir de leur pays, sans s’abandonner aux slogans de certaines idéologiques dogmatiques, ni se laisser prendre au piège de la démagogie et de la manipulation.

Il nous faut donc songer, nécessairement et sérieusement, à cette « conscience d’autoprotection de notre société », au besoin contre ses politiciens même et au profit de la société civile et d’une stratégie médiatique citoyenne intègre et solide, pour larguer les amarres et prendre cette conscience comme principal viatique de notre quête d’un vivre-ensemble démocratique où nul n’aurait le droit de manquer de respect aux intérêts fondamentaux des citoyens et de la patrie.

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