• Actualité
  • Chronique
  • 16/11/2016 à 09:46

Quand la Justice boite, c’est toute la société qui chavire

Quand la Justice boite, c’est toute la société qui chavire

Par Mansour M’henni

Le temps est certes à la construction pour le gouvernement de Youssef Chahed,

avec les difficultés que l’on image comme celles liées aux problèmes de l’adoption de la Loi de finances, et avec les défis à relever comme celui de faire réussir le Congrès International de l’Investissement. Malheureusement, il y a une épée de Damoclès dont la menace perdure malgré tous les efforts fournis et les sacrifices consentis pour endiguer son effet ; elle a pour nom « Terrorisme ».

Ainsi, en pleine mobilisation de la société tunisienne dans son ensemble pour pacifier la dynamique de relance de la machine de développement, les monstres de l’ombre continuent de frapper au cœur même du système défensif du corps social, l’armée, n’hésitant pas, au passage, à faire mourir des civils. Et voilà alors une vingtaine de terroristes à l’assaut du domicile d’un jeune caporal de 26 ans, samedi 5 novembre à Kheraifia (Délégation de Sebiba), le criblant de balles jusqu’à ce que mort s’en suive. Auparavant, un enfant de 16 ans meurt le 30 août à Kasserine, lors d'affrontements entre les forces sécuritaires et un groupe terroriste qui avait « tendu un piège à deux blindés en mission sur une des routes du Mont Sammama », faisant aussi trois morts et sept blessés parmi les soldats.

A ce propos, il faut bien reconnaître que si, pour tous les Tunisiens, une seule vie de la population civile ou du corps de défense ou de sécurité est hors de prix, comparée à tout autre acquis, il n’en reste pas moins vrai, heureusement, que les terroristes ont de plus en plus les mains liées et la stratégie en faillite, ce qui réduit largement le nombre de leurs victimes. On les sent aux abois et l’on devrait certes s’en féliciter, mais surtout en féliciter nos défenseurs, nos forces de l’ordre et notre système sécuritaire. Ce dernier n’a pas été déstabilisé par le changement du gouvernement et c’est un mérite à reconnaître à Youssef Chahed.

Sans doute ce dispositif sera-t-il renforcé par la « stratégie de lutte contre l’extrémisme et le terrorisme » adoptée par le Conseil de sécurité nationale ; mais il le sera encore plus par la conscience et l’implication citoyennes qui feront de la « guerre contre le terrorisme et l’extrémisme » une vraie guerre citoyenne à laquelle chaque Tunisien participe selon ses moyens, mais tous pour le même objectif, loin des tiraillements idéologiques et des calculs d’épiciers.

Il reste cependant vrai que certains dysfonctionnements institutionnels poussent certaines gens à douter de la véracité d’une convergence des intentions et des actions, surtout quand ce scepticisme est provoqué par ce qui est perçu comme une inadéquation juridique, voire comme une injustice contre les antiterroristes et en faveur de ceux dont la tendance à la violence et la connivence avec le terrorisme ne sont plus à prouver. Le dernier verdict dans le procès de Lotfi Nagdh est on ne peut plus éloquent à ce propos et, à notre regret, ce n’est peut-être pas le seul cas d’espèce !

L’ambiance et les tensions qui ont accompagné le procès sonnent comme un cauchemar, réactualisant des comportements inadmissibles aujourd’hui et des aberrations dont le retour retarderait notre cheminement vers l’Etat civil que nous voulons réhabiliter et restaurer. N’empêchent que les sons des cloches ne semblent plus chercher l’harmonie et l’on sent la cacophonie essayer d’imposer son rythme dissonant et sa danse hystérique. Tout cela vient vraiment au mauvais moment ! 

D’aucuns diraient : Que faire entre le vœu pieux ou le prétexte de l’indépendance de la Justice et la force de voilement de la vérité ? Est-ce bien, là, la question ? Et s’il fallait se demander d’abord quelle part de tolérance et quelle part de violence il y aurait en chacun de nous, qui voulons tous vivre ensemble, sans terrorisme et sans injustice ? Il faut bien un vrai débat franc et public sur ces questions, car quand la Justice boite et la raison trébuche, c’est toute la société qui chavire.

Partager sur
Retour
Les Dernières Vidéos
Les Dernières Actualités