• Actualité
  • Chronique
  • 31/07/2014 à 10:07

Que celui qui s’en sent le pouvoir mette fin à tous ces dérapages qui nous menacent

Que celui qui s’en sent le pouvoir mette fin à tous ces dérapages qui nous menacent
Par Mansour M’henni
Les dysfonctionnements qu’on attribue ces jours-ci à notre armée nationale, voire même un certain scepticisme qui commence à toucher son rendement, étaient, selon des observateurs, prévisibles depuis bientôt vingt-huit mois quand, lors d’un voyage en Irak, la présidence aurait, dans l’avion du retour, approché un journaliste en quête de scoops et de sensation (n’est-ce pas son travail, d’un certain point de vue ?) pour le monter contre le Général Ammar qui commençait sans doute à gêner de par le capital de sympathie qu’il avait acquis pendant la révolution et même après.
On prenait alors ces commentaires pour de l’intox ou pour de la fabulation de complot. Même si certains indices permettaient de conclure à une très peu probable sympathie entre le Général des trois armées et le président provisoire de la République. Ce qui aggravait peut-être la situation, c’était aussi une antipathie viscérale qui paraissait commander la cohabitation du président avec le ministre de la Défense de l’époque, en l’occurrence Abdelkrim Zbidi. Là, la fabulation se délivrait également à cœur joie et imaginait des scénarios dignes de Hollywood, notamment en rapport à une autre cohabitation difficile, relativement lointaine, à la Faculté de médecine de Sousse.
Bref, entre flux et reflux, attaque et retraite, l’affaire de BaghdadiMahmoudi aidant, la présidence est venue à bout du ministre, puis de général, conformément à un cheminement stratégique qui ne manquait ni de finesse ni de cynisme. Après tout, c’est cela aussi la politique ! Machiavel est inoubliable.
Tout cela serait resté de l’ordre de la petite histoire n’était la situation où nous trouvons aujourd’hui, en rapport surtout à l’image de notre armée qui, depuis toujours, a été une armée républicaine et citoyenne. Certes commandée par le premier responsable de l’Etat, mais jamais en défaut de sa mission à l’intérieur du pays ou à l’extérieur quand elle participait à des missions internationales.
Aujourd’hui le terrorisme bat son plein dans notre pays et le pire est à nos frontières. On n’a sans doute jamais enterré autant de militaires chez nous depuis la guerre de Bizerte, et notre armée n’a jamais été aussi facilement piégée que ces derniers jours, depuis l’indépendance. On a vu la présidence s’affairer à des promotions, à des nominations, à des réparations, à des rétablissements de droits, etc. A chaque fois, on disait que c’était pour le bien de l’armée et du pays ; les gens attendaient et les événements les poussaient à conclure au contraire.
Evidemment certaines parties sont publiquement accusées de connivence avec des tiers, internes ou externes au pays. Des contre-accusations en découlaient… Et les disputes politiques au nom de mille et une éthiques. Pendant ce temps-là, nos soldats meurent en série ou sont gravement blessés et l’on a le sentiment que l’image indélébile de notre armée se fane et se meurt, doucement, pouvant entraîner dans son épreuve le destin de notre pays et des générations futures.
Nos politiques ont-ils oublié qu’à trop presser l’armée, elle peut leur éclater au visage ? Sont-ils en train d’évaluer, à leurs justes conséquences, les déboires par lesquels passe notre principal rempart contre l’insécurité, contre l’agression, contre l’humiliation, et tous les dangers de même nature ?
Notre armée est et restera l’armée du peuple, par le peuple, avec le peuple pour le peuple et la patrie. Il est donc temps que le peuple et l’armée se prémunissent des conditions nécessaires pour la sauvegarde de notre armée, pour sa réhabilitation en tant que corps uni et pour la réhabilitation de la noblesse de sa fonction, loin de toute implication dans les tiraillements politiques de l’instant.
Trop de rumeurs à ce propos pour la délicatesse de l’étape. Que celui qui s’en sent le pouvoir, qui qu’il soit, homme ou femme, entité individuelle ou collective, tout juste en plein dans sa tunisianité, mette fin à tous les dérapages qui risquent d’anéantir notre unité, la nature de notre société et notre projet civilisationnel aux racines séculaires et aux ambitions pleinement élancées vers les plus beaux fruits du futur ! Amen.
Partager sur
Retour
Les Dernières Vidéos
Les Dernières Actualités