• Actualité
  • Chronique
  • 10/05/2016 à 14:12

Raisons et déraisons de la démission de Mohamed Fadhel Ben Omrane

Raisons et déraisons de la démission de Mohamed Fadhel Ben Omrane

Par Mansour M’henni 

Le député Mohamed Fadhel Ben Omrane a formulé sa démission de la commission financière de l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) à dater du 10 mai 2016, comme consigné de la lettre adressée, à cet effet, au président de l’assemblée et publiée sur la page facebook du démissionnaire de la commission.

Dans l’absolu, cela n’aurait rien de particulier, n’étaient toutes les questions que cette démission laisse dans le vent et toutes les spéculations qu’elle autorise. En voici quelques unes :

1 – Pourquoi cette démission vient-elle tout de suite après que M. Ben Omrane a quitté la présidence du groupe parlementaire du Nidaa. On nous sortirait toutes sortes d’arguments, y compris celui explicite des raisons sanitaires, pour dire qu’il n’y aurait pas de relation entre les deux que toute personne sensée aurait des difficultés à le croire.

2 – D’ailleurs, dans le même ordre d’idées, il y a lieu de se demander si, concernant cette démission, M. Ben Omrane s’est concerté avec son parti, ou au moins avec son groupe parlementaire et d’abord le nouveau président de ce groupe. Si cela n’est pas fait, le député aurait agi comme un député indépendant, ce qui laisse prévoir une tempête qui s’ajouterait à toutes celles ayant secoué le Nidaa, celle-ci venant justement au moment où ce parti tend à retrouver une certaine stabilité sereine et une reconstruction solide, nous dit-on.

3 – Une autre raison est ajoutée pour justifier cette démission, celle de la présence, dans la commission en question, d’un député habitué à y assister en état d’ivresse. D’ailleurs, comme attendu, le président de ladite commission n’a pas tardé à publier un démenti des allégations de Ben Omrane à ce propos. Cependant, au-delà de cette polémique inopportune, il y a lieu de constater à la fois un vice de forme et un manquement éthique à la façon d’agir devant une telle situation.

En effet, en bon député, zélé et consciencieux, M. Ben Omrane fait bien de réagir contre un éventuel comportement de nature à bafouer la noblesse du travail partenaire, en commissions comme en assemblée générale. Mais dans un cas de figure comme celui évoqué dans la lettre de démission, il fallait une position ferme et immédiate, témoins et date à l’appui, engageant la responsabilité du président de la commission avant celle du président de l’ARP qui s’en suivrait. Or, annexer cette situation aux raisons de la démission du membre de la commission est de nature à couvrir de doute et à entourer de spéculations diverses cette démission qui a tout d’une réaction épidermique de dépit et qui relèverait de la même course au pouvoir qui semble animer la plupart de nos acteurs politiques actuels.

4 – Est-ce à dire à la fin que, ne s’étant pas présenté à l’élection du président du groupe parlementaire de son parti (jusqu’à quand le restera-t-il encore ?), sachant d’avance qu’il n’avait aucune chance de remporter un tel vote, Mohamed Fadhel Ben Omrane se serait senti abusé par les siens dans un clanisme interne, tel que cela paraîtrait au geste victorieux exhibé par le nouveau président du groupe parlementaire au milieu des « siens » ? Ben Omrane aurait-il compris, ou déduit, que son plébiscite à cette responsabilité, il y a un peu plus d’un an, n’était que contextuel ? Aurait-il négocié une quelconque nouvelle responsabilité dont il n’aurait eu aucun signe sincère de satisfaction ?

Pour tout dire, la réaction de M. Ben Omrane porte le cachet du dépit et, presque, d’un manquement à la discipline de parti. Comment seraient gérés ses effets divers, à la fois par l’intéressé, par son groupe parlementaire et par son parti, avant que ne s’amplifient les lectures et les exploitations, innocentes ou non, d’un détail qui ne saurait avoir le statut d’un événement important ? A moins qu’une telle amplification ne soit souhaitable par une quelconque partie intéressée par ce genre de conflits, dans le cadre d’une stratégie dont le sens et l’essence sont moins dans le dit que dans le non-dit.

L’avenir proche nous le dira !
Partager sur
Retour
Les Dernières Vidéos
Les Dernières Actualités