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  • 22/06/2024 à 11:01

Retour sur la question « Demain la Cité »

Retour sur la question « Demain la Cité »

Par Mansour M’henni

Notre précédente chronique avait annoncé « une action civile informelle que des universitaires, des intellectuels et des créateurs » s’apprêtaient à organiser autour de « deux points [à discuter] dans la perspective d’un document conducteur des actions futures : celui d’un collectif civil d’associations et de structures de recherche, baptisé le « Collectif CURA » […], et celui d’un Think Tank […], « Demain la Cité ». Ces actions ont bien eu lieu et les idées qui y ont été développées incitent à un retour sur la question, pour une plus large ouverture de ce sujet de conversation.

Comme suffisamment souligné sans doute, ces cadres de réflexion de structures informelles, ne se présentent pas comme des lieux d’inculcation de leçons mais des lieux d’humilité intellectuelle et de modestie humaine ayant pour objectif d’aider à s’inscrire dans la logique de l’inquiétude philosophique devant les problématiques essentielles, donc dans la relativisation de la vérité et dans une permanente remise en question de soi avant tout dénigrement ou toute condamnation d’autrui. C’est peut-être pour cela aussi qu’un titre comme « Demain la Cité » est à distinguer de l’expression « Cité de demain », même si ce dernier est aussi un objet de réflexion dans le cadre indiqué. On effet, « Cité de demain » se présenterait comme un projet déjà élaboré et arrêté, cherchant à se trouver une place dans la mise en application. Par contre « Demain la Cité » se voudrait comme une réflexion continue pensant et repensant la Cité dans sa configuration idéale, qui resterait comme un objectif asymptotique, et inscrivant la pratique dans cette évolution continue et cette révision permanente qui éviterait le dérapage et la perte de vue de l’idéal de repère. C’est d’ailleurs pour cela que le sens de « Cité » n’est pas à prendre dans celui de « Ville », au sens courant, mais de tout groupement humain mû par la quête du meilleur et plus juste vivre-ensemble possible : on irait ainsi de la petite famille à la famille cosmique.

Dans les débats ayant animé cette rencontre, il s’est avéré que tous les secteurs sont concernés par la pensée de « Demain la Cité », même si certaines idées ont été plus soulignées comme d’autres. Ainsi, c’est d’abord l’école qui a été désignée comme l’espace déterminant autant de la réussite que de l’échec de tout projet sociétal. Cependant, ici aussi les mots sont à étirer au plus étendu de leur signifiance. Autant conclure alors au fait que tout espace est en soi une école, à condition de savoir le prendre pour tel, indépendamment de ses dimensions et de son pouvoir d’influence. En corollaire, l’espace culturel ne sortirait pas de ce cadre de l’école. Toutefois, l’école ainsi perçue n’aurait de pertinence que si l’école, telle que conçue et perçue, traditionnellent, avec même ses reformes successives qui ne semblent pas changer grand-chose à la lignée classique, est remise en question tant dans ses objectifs spécifiques que dans ses méthodes et dans le canevas psychosocial dans lequel elle se meut sans toucher aux frontières.

Et pour finir, sans en finir, juste une remarque qui, toute marginale qu’elle paraisse, doit être repensée et rationnellement perçue ; elle porte sur l’intelligence artificielle et elle est suscitée par une affirmation dont la prophétie est à situer correctement dans le cadre de pensée « Demain la Cité ». En effet, on a pu dire que dans quelques années, très peu d’années, l’intelligence humaine constituerait 0,1% (Un pour mille) de l’intelligence en présence dans le monde et que tout le reste sera de l’intelligence artificielle. A ce propos, il conviendrait de ne pas perdre de vue que, contrairement aux apparences, les 99,9% faisant le reste de l’intelligence mondiale sont de l’intelligence humaine aussi. La question consisterait donc plutôt à se demander jusqu’à quel point l’intelligence humaine peut être capable d’exploiter bénéfiquement son propre produit et à partir de quel degrè d’inconscience elle devient plutôt un objet manipulable par l’artifice d’intelligence qu’elle a elle-même produit.

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