• Actualité
  • Chronique
  • 22/10/2024 à 12:18

Retour sur les urgences

Retour sur les urgences

Par Mansour M’henni

Kais Saïed est réélu à la tête de la Tunisie pour un second mandat de cinq ans. Avant la prestation du serment, lundi 21 octobre 2024, tous les commentateurs ou presque ne parlaient que des urgences qui l’attendaient, et attendaient eux-mêmes ce que le président en dirait dans son discours d’investiture.

D’aucuns attendaient même un revirement de l’Homme du 25 juillet 2021, qui annoncerait alors un assouplissement dans le traitement de certaines affaires, dites « affaires de corruption et de conspiration ». Sur ce point, le Président est resté ferme et décidé, pointant toujours les méfaits et les « actions criminelles » de certains responsables de la « décennie noire », accusés aussi d’avoir « dévié la révolution du 17 octobre 2010-14 janvier 2011 de ses motivations et de ses objectifs » et de l’avoir détournée à leur profit. Il est clair donc que cette question constitue l’un des piliers principaux de la politique du président et que tout ce qui se déciderait en matière d’action politique se concevrait en fonction de cette donne essentielle, développée à l’entrée du discours présidentiel.

Est-ce à dire qu’il n’y a rien à espérer pour ceux qui se sont fait piéger par l’article 54 et ses différentes implications ? Il nous paraît permis d’envisager une sortie juridique honorable qui passerait pour une consolidation de l’esprit de responsabilité comme condition du droit à la liberté. C’est en cela que cette première partie du discours verse dans la seconde, en l’occurrence la politique du développement économique et social.

En effet, pour le Président, et sans doute pour bon nombre de citoyens, les problèmes économiques de tous genres sont dus surtout à la corruption et à l’exploitation de la bonne foi citoyenne des gens les plus démunis de la population tunisienne. Il souligne alors son intention aussi ferme de leur donner l’initiative du modèle de développement qu’ils jugent convenable pour rééquilibrer la société tunisienne dans le sens de l’équité, de la justice et de l’égalité des droits. Il reste alors à imaginer comment redonner le pouvoir décisionnel direct à la masse populaire. Est-ce par le biais de modèles fragilement structurés comme on en a vu dans certains pays ? Ou par les élus dont la représentativité est échelonnée da façon à couvrir et à traverser les différentes catégories citoyennes, dans toutes les régions et localités du pays ? Il y a du pain sur la planche !

Le troisième point important du discours présidentiel, nous semble-t-il, réitère son attachement solide à l’idée d’indépendance nationale et d’autonomie de la décision de notre pays quant à ses relations aux différents états analogues de la communauté internationale. Comme attendu, c’est alors la réaffirmation de son soutien inconditionnel à la cause palestinienne et en même temps l’exigence du respect dû à la Tunisie de la part de tous ceux qui voudraient traiter avec elle.

Que peut-on conclure donc à propos de ce nouveau mandat qui commence ? A notre avis, d’abord une urgence de mobilisation générale pour concevoir le mode de développement à faire émaner de l’intelligence et de la conscience citoyennes généralisées. Mais faut-il pour autant rejeter l’avis des experts, devenus trop nombreux et sans vraies repères pour certains ? Nous ne le pensons pas. Le président non plus, espérons-nous, car il y a bien dans notre pays des compétences dignes de respect et de confiance.

Pour tout dire, une escale d’accalmie et d’apaisement s’impose au profit d’un redressement de la situation et d’une relance de la dynamique de développement. Il faudra lui fournir ce qu’il lui faut en termes d’exigence, de concession et de compromis. Après, c’est un autre jour… C’est un autre tout !

Partager sur
Retour
Les Dernières Vidéos
Les Dernières Actualités