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  • 16/04/2015 à 22:50

Santé : vigilance et politique globale

Santé : vigilance et politique globale

Pr. Khalifa Chater


La définition des 100 premiers jours  de chaque département ministériel fait valoir une vision fragmentaire et transgresse les attentes essentielles de la "révolution de jasmins". L'arbre ne doit pas cacher la foret. Pouvoir d'achat, chômage, précarité, ces doléances populaires, s'inscrivent dans un idéaltype de dignité et de qualité de vie. Elles rappellent l'identification spontanée des urgences, par l'équipe bourguibienne et l'adoption d'une politique volontaire, pour les mettre en application.  Vigilance et politique globale, le gouvernement postcolonial a engagé une thérapie de choc, pour combattre les épidémies, qui sévissaient en Tunisie, créer les centres de soins de base, ouvrir des facultés de médecine, en relation avec les hôpitaux universitaires. Des dispensaires sont construits, sur tout le territoire et de larges campagnes de vaccination étaient menées. D'autre part, la gratuité des soins fut  étendue pratiquement à tous.  Depuis lors, le pays  dispose  d'un système de santé performant, qui a annihilé les risques d'épidémie. 

Le relâchement actuel, se fait sentir, par l'usure des services de santé et une certaine démobilisation sous les gouvernements post-révolution. La promotion des centres de santé et la réhabilitation des hôpitaux régionaux deviennent une nécessité urgente. Elles constituent, à juste titre, les priorités du nouveau gouvernement. Mais la veille épidémiologique semble affaiblie. Ce qui explique "l'apparition effective de l’Hépatite à la rage en passant par la gale et la malaria". Les conditions d’hygiène et de propreté, en général, sont tenues pour être responsables de ces épidémies (business news, 07/10/2013). La deuxième priorité du ministère concerne ainsi la prévention. A cet effet,  "une enquête épidémiologique nationale sera, réalisée au cours du mois de mai 2015 et ses résultats annoncées un mois plus tard" (définition des priorités, du ministre de la santé). Fallait-il attendre les résultats de l'enquête, pour  organiser, dés maintenant, une campagne contre les moustiques, engager une mobilisation gouvernementale et municipale, pour la collecte des ordures. En tant que membre du gouvernement, le ministre de la santé devrait faire valoir cette priorité. Autre problème grave, la rupture récurrente des stocks de médicaments. L’Association tunisienne de lutte contre les maladies sexuellement transmissibles et le sida a dénoncé "une rupture de stock, depuis plus de 4 semaines, du Truvada, l’un des principaux antirétroviraux prescrits dans le traitement du VIH et de l’hépatite B (VHB)". L’ATL MST sida précise que "cette rupture de stock a été constatée dans les centres de prise en charge des maladies infectieuses, y compris le sida, outre des perturbations au niveau du circuit de gestion et de distribution des antirétroviraux (ARV), et ce à des fréquences répétitives" (communiqué du 14 avril 2015). La veille médicale devrait concerner également le contrôle des prix des médicaments et des services sanitaires, qui connaissent une hausse spectaculaire. Dans ce domaine le laisser faire signifie le laisser mourir. Le ministre de la santé annonce  qu'il "ira avant tout, à la rencontre des médecins et des techniciens de santé afin de les écouter". Peut-être aurait-il fallu au préalable contrôler la gouvernance médicale régionale et locale, les services alimentaires des hôpitaux, les structures d'urgence etc. L'écoute des patients, après l'examen des états de lieues, doit constituer la grande priorité.  

Saluons, dans ce domaine, l'ouverture au Kef, par le ministère de la Défense, d'une clinique militaire, appelée à contribuer à l'édification d'un système médicale de proximité.

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