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  • 18/02/2019 à 09:22

SOS ! Nidaa en(de) détresse…

SOS ! Nidaa en(de) détresse…

Par Mansour M’henni

Il y a huit mois, j’écrivais encore : « C’est à croire que notre paysage politique n’est meublé que par des comparses qui cherchent, chacun, un rôle principal dont il n’a pas les moyens ». Je ne sais si le paysage a beaucoup changé à huit mois, en principe, de l’échéance électorale de 2019 qui paraît cruciale pour l’avenir du pays.

Ce jour-là aussi, en juillet 2018, il me semblait encore impératif de restructurer Nidaa Tounès pour sauvegarder un équilibre nécessaire (avec ou sans alliance politique) entre cette force politique et le Mouvement Ennahdha qui, qu’on le veuille ou non, paraît indétrônable de sa position première dans les intentions de vote. En effet, les assises intellectuelles et le projet politique du Nidaa à sa naissance avaient de quoi convaincre et mobiliser, et cela fut fait. Aujourd’hui, cela est-il encore possible ? Il faut désormais s’en convaincre : c’est non et mille fois non, s’il s’agit d’un retour à la hâte dans la coquille d’un parti qui ne sonne plus que du creux qui y résonne.

On comprend alors pourquoi certaines figures politiques et plusieurs citoyens se sont mis à retrouver le Nidaa d’origine hors du Nidaa où une débandade semble s’être incurablement installée. Tahya Tounès ne serait qu’une de ces tentatives, qui, quoi qu’on en dise ou qu’on lui reproche, aura marqué une manœuvre de sauvetage de l’équilibre politique binaire souhaité et nécessaire dans la gestion classique de la démocratie – la réalité ayant montré que nous sommes encore loin d’une démocratie de conversation où tout le monde devient actif et participatif et où la question du pouvoir devient autrement gérée.

Tant mieux donc si cette nouvelle mouvance réussit à sauver la mise ; mais pour l’heure, attendons voir et suivons de près l’évolution des choses avec le regard critique et constructif qui se devrait. Quant à Nidaa Tounès, les dernières interventions de Ridha Belhaj sur les ondes ou dans les plateaux, auront porté un coup fatal au parti et à Belhaj lui-même qui, comme un coq égorgé, ne sait plus où donner de la tête ni à quel saint se vouer. Il ose aujourd’hui nous apprendre que son parti est géré par quatre corrompus passibles de poursuites judiciaires, alors qu’hier encore, il était à leurs côtés en train de projeter un avenir rayonnant du parti dont il se vante d’être un membre fondateur. Finalement, il en appelle au président fondateur du parti (le Président de la République !) pour lui demander une intervention décisive ! Façon de dire encore que ce parti ne vaut rien sans Béji Caïd Essebsi contre lequel le même Belhaj s’était retourné à un certain moment !

C’est vrai qu’il y a de tout dans la politique, mais n’y aurait-il pas un seuil d’éthique, d’intelligence et de crédibilité à sauvegarder. Sinon, il faudra un jour se résigner à croire que ce qu’on appelle souvent « la transition démocratique » n’est que le chemin du retour à l’autoritarisme, voire à la dictature.

C’est à croire que notre paysage politique n’est meublé que par des comparses qui cherchent, chacun, un rôle principal dont il n’a pas les moyens.

Sincèrement, on n’arrête pas de nous blesser les oreilles par des idées de regroupements (pseudo-)démocratiques à même de réaliser un équilibre recherché avec Ennahdha ; mais rien de concret ne se fait, dans l’esprit de la cohérence nécessaire à la perduration et à l’efficacité d’une telle structure. De par ma position extérieure à toute implication partisane, j’ose le dire encore une fois, n’en déplaise à certains, un équilibrage politique passe d’abord et avant tout par l’idée d’une restructuration fondamentale de Nidaa Tounès, sur la bas des principes intellectuels et éthiques qui l’avaient fait nôtre dans un instant fatal et de grande faveur. Il faudrait des décennies pour qu’une telle expérience puisse se reproduire, avec des conditions et des besoins analogues. C’est pourquoi, me semble-t-il, la restructuration et la réhabilitation de Nidaa Tounès est un devoir citoyen même pour les opposants démocratiques à ce parti.

Et plutôt cela se fera, mieux cela vaudra, aussi bien pour le pays que pour la paysage politique à aspiration démocratique.

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