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  • 31/12/2024 à 14:26

Tel est le temps qui te dit : Bon Jour de l’An !

Tel est le temps qui te dit : Bon Jour de l’An !

Par Mansour M’henni

On vit son temps chacun comme il l'entend
On vit son temps comme il en va
Depuis la nuit des temps

Deux façons de voir ou deux façons de dire la même façon de voir ?

Sans doute le jour de l'an est-il le moment le plus propice à se poser une telle question et à repenser les aphorismes en question. Puis chacun reprend le cours du temps, qui avec un semblant de réponse et qui avec l'incontournable question, pour celui qui se croit en devoir ou en droit d’intelligence à son propos.

En effet, si dans la plupart des fêtes périodiques, on a plus le sens de commémoration d’un événement qui vient s’inscrire dans le rythme des jours et des ans, avec le Jour de l’An c’est ce rythme même qui se réaffirme et s’impose à notre imaginaire et à notre interrogation comme un composant fondateur de l’être et de la pensée de l’être. A rappeler sans doute que le Jour de l’An, le 1er janvier, n’est pas la commémoration de la naissance du Christ, autrement il se confondrait avec la notion d’anniversaire. D’ailleurs son institution est de près d’un demi-siècle antérieure à cette naissance (en 46 avant J.C.). On la doit au fameux Jules César qui prit cette décision deux ans avant sa mort : elle serait alors le fruit d’une longue expérience de la vie et peut-être de la philosophie qui en serait issue, celle-là qui aurait fait dire à Mircea Eliade que « la célébration du jour de l'an correspond au renouvellement annuel de la cosmogonie des origines, que l'on retrouve dans toutes les civilisations primitives, et qui permet de retrouver la plénitude du monde initial ».

Cependant, cette tradition de la commémoration cyclique du cours du temps est souvent rattachée à des croyances mythiques ou religieuses, comme par exemple en lien avec la germination du printemps dont l’écho littéraire nous revient par l’œuvre de Zola, Germinal, comme aussi en lien avec les crues du Nil dans l’Égypte antique, comme en lien avec l’exode des Musulmans à l’Est de l’Afrique, la Hijra (Hégire), etc. Pour les Romains, elle était rattachée au dieu Janus, celui à deux visages l’un tourné vers le passé, l’autre vers l’avenir. Finalement, on peut différer dans la relation pratique au jour de l’an, mais tout le monde, semble-t-il, est uni dans la symbolique de cette journée.  

Pour ma part, j'avoue vivre profondément mes questions intérieures au jour de l’an, au-delà ou en deçà de toute foi. Quand le soleil du 31 décembre prend son chemin vers la chute, de façon visible ou imaginée, le souvenir de tous les morts me revient dans celui des miens et de ceux que j’aime et qui m’ont quitté souvent sans que j’aie eu le temps de suffisamment le leur signifier en toutes lettres. Quand le soleil du 1er janvier se lève, c’est l’idée aimante et l’image plaisante de tous les enfants du monde, et d’abord les miens, toutes générations confondues, venus ou à venir, qui réaniment mon cœur de l’odeur du bonheur et de la couleur de l’espoir.

Je m’imagine alors dans un grand stade de football où un coureur franchit indifféremment et sans jamais s’arrêter, ni même ralentir ou accélérer, la ligne devant les chronométreurs marquant le passage d’un tour de piste à un autre. Une voix intérieure me chuchote alors à l’oreille, intérieure elle aussi : « Tel est le temps qui te dit à sa manière : Bon Jour de l’An ! »

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