• Actualité
  • Chronique
  • 31/05/2024 à 09:22

Un jour de bonheur qui invite à penser

Un jour de bonheur qui invite à penser
Par Mansour M’henni

Dimanche 26 mai 2024 à Fès a été pour moi une journée de déambulation et de promenade intercalée entre deux conférences, la première à l’Université EUROMED de Fès et la seconde à l’Université Saïs-Fès (FLSH). Il faut dire qu’on ne se lasse pas d’une promenade à Fès, surtout qu’à chaque pas, l’histoire s’y raconte et rappelle les moments forts, de tension, de passion et d’intelligence des rapports interactifs entre des cultures condamnées aux heurts et aux bonheurs d’un « vivre-avec », faute de ou en vue de parvenir à un heureux vivre-ensemble.

Evidemment, je n’ai pu oublier de parler du Prix Fatma Fehria que l’association MED21, présidée par notre poète Mahamed Aziza (alias Shams Nadir) secondé par M. Larbi Benatia, entend décerner alternativement entre Kairouan et Fès. L’alternance est en négociation entre les partenaires (MED21 et Université EUROMED-Fès, par l’intermédiaire du collectif CURA) et son aboutissement s’annonce heureux.

Mais en me promenant dans la Médina, accompagné par deux jeunes guides sollicités par l’Université EUROMED(Fès (FSH), dans l’interminable série de ce qui est toujours à voir et à revoir, ma mémoire et mon attention ont été retenues par le Musée du bois, initié et conduit à terme par un volontaire, et devenu un repère incontournable pour les intérêts divers qu’il représente. Cela m’a rappelé un autre voyage académique à Rennes, m’ayant permis une visite à l’ancienne ville de Saint-Malo où la première maison construite dans la ville a été restaurée et aménagée en musée de l’histoire de la ville. A l’époque, je m’empressais à fonder, avec des amis volontaires et dévoués à l’action citoyenne, l’Association pour la Sauvegarde de la Ville de Sayada (ma ville natale). Un plan a été établi dès mon retour pour récupérer, sous quelque forme que ce puisse être et en coordination avec le ministère de la Culture, une ancienne maison symbolique qui serait facilement aménagée pour l’objet visé, un musée du patrimoine et de l’histoire de la ville. Chacun de nous a collecté dans les trésors enfouis ou jalousement gardés par sa famille et nous avions inauguré le musée du patrimoine de Sayada. Où en est-on aujourd’hui ? Plus de musée et plus d’association ! Pauvre de nous !

Je ne finirai cependant pas cette chronique sur cette note triste et frustrante. Le soir de ce même dimanche touristique et culturel, j’ai exprimé mon désir d’assister à un concert de la musique soufie à Fès et, autant que possible, au concert programmé pour une troupe tunisienne conduite par mon collègue et ami Naoufel Ben Aïssa. On m’a procuré trois billets, pour moi et mes guides, mais pour le spectacle de dimanche et non celui de Lundi, le jour du concert de mes concitoyens. J’ai accepté avec plaisir surtout que l’occasion me sera donnée, j’espère, de voir le concert tunisien dans mon pays et qu’à cette occasion j’allais découvrir du nouveau. C’était en effet la première fois que j’avais cette opportunité fessie.

J’avoue que la soirée a été un vrai charme. Quelle organisation, quel décor sur une porte d’entrée de la ville transformée en espace de concerts ! Mais surtout quelles profondeurs artistiques et intellectuelles en rapport à la pensée d’un vivre-ensemble conversationnel, une idée centrale dans nos travaux internationaux sur la Nouvelle Brachylogie ! Les mots n’avaient peut-être plus de sens dans cette conversation des sons, des mouvements, des silences intermittents, de la parole qui danse en se promenant entre l’indien, l’anglais, l’arabe et les dialectes sud-marocains (en tout cas, c’est ce que j’ai cru comprendre de ce point de vue) --- de la parole qui danse tout simplement pour signifier qu’on n’a pas toujours besoin de la parole pour converser !
Partager sur
Retour
Les Dernières Vidéos
Les Dernières Actualités