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  • 27/02/2017 à 09:33

Un remaniement de raison

Un remaniement de raison

Par Mansour M’henni 

Plusieurs spéculations ont tourné autour d’un remaniement ministériel qui paraissait imminent et qui se comprenait bien après près de six mois d’exercice, un temps suffisant pour procéder à une première évaluation et, au besoin, de petites retouches.


 

Le besoin se faisant sentir, les premières conjectures sont allées vers une atténuation du taux de tension entre les syndicats de l’Education et leur ministre, dans les règles qui respecteraient le juste fonctionnement des choses, les incontournables droits des personnes et surtout l’indiscutable intérêt commun. Mais les syndicats de l’Education sont allés trop loin dans le bras-de-fer, tentant même d’impliquer prématurément leur direction nationale dans un conflit sectoriel qui donnait l’air de sortir du secteur. Du coup, les parents ont menacé de réagir et le président du Gouvernement a réagi, dans la juste raison à donner pour réponse : on ne plie pas sous la menace et la pression et, faute de vrai dialogue, on maintient le ministre. Voilà une bonne décision, quelle que soit l’opinion qu’on peut avoir du ministre concerné, car cette décision rétablit le gouvernement dans la confiance qu’on cherche à placer en lui.

Or, reconduire un ministre ne fait pas un remaniement ! Il y avait certes un portefeuille à pourvoir, celui des Affaires religieuses, surtout que le ministre de la Justice a bien trop de choses en tête pour s’alourdir la tête et l’agenda de la gestion du culte. Mais cette nomination aurait pu attendre encore un peu, s’il n’y avait ce ministre qui, piqué par on ne sait quelle mouche, s’est mis à propager la rumeur de sa démission imminente qu’il allait présenter au président du Gouvernement. Comme cela, sans rime ni raison, alors que la veille encore il vantait à grandes pompes la démarche gouvernementale ! Non, Monsieur Abid Briki, on ne gère pas ainsi des questions d’une telle importance : Quoi ? On brandit sa démission comme une menace, on cultive la confusion et la suspicion en ne s’en expliquant pas, et on la reporte pour éventuellement y renoncer, mais contre quoi !? Il y a vraiment de quoi s’étonner, tellement est flagrant le manquement aux bonnes règles de l’interaction intra-gouvernementale. De quelque manière qu’on la prenne, l’affaire ne se traite pas d’abord dans les médias. C’est une question éthique. A moins qu’il n’y ait anguille sous roche et des raisons que la raison commune ne saisit pas encore.

Il faut donc reconnaître également à Youssef Chahed la perspicacité de cette anticipation qui laisse M. Briki s’étonner de n’avoir pas été informé avant son limogeage et se sentir blessé par la même arme dont il aurait voulu atteindre son patron. Mais plus intéressant est le profil du remplaçant de Briki, car il communique un autre message d’une autre importance qu’on ne manquera pas de commenter amplement. En tout cas, le clin d’œil vers l’UTICA est évident, mais dans une mesure juste aussi de la prise en compte des intérêts de l’UGTT. L’intention de pacification des rapports sociaux est évidente, mais sans nuisance à l’autorité de l’Etat. 

La troisième nomination semble être plutôt technique, ce qui montre clairement que ce remaniement est d’abord celui de la réaffirmation de l’Etat dans ses droits et d’une consécration de l’éthique gouvernementale, pour les besoins des tâches qui lui incombent et des urgences qui l’appellent. Il le fallait donc en ce début d’une année dont on attend tous les redémarrages et même un tangible décollage. Voilà qui est fait ! Maintenant, « Travaillez prenez de la peine : c'est le fonds qui manque le moins ».

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