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  • 25/07/2020 à 11:36

Un week-end de République pour le Phénix de Tunisie

Un week-end de République pour le Phénix de Tunisie

Par Mansour M’henni

Certaines personnes font de la politique comme ils font des affaires, selon la même logique, avec le même esprit et… avec la même éthique. Après tout c’est leur droit de faire ce choix, à condition d’en assumer les conséquences lorsque les gouvernés, reprenant conscience, ou lorsque la machine du pouvoir, se sentant gangrénée, se mettent à se défendre chacun à sa manière et selon ses moyens.

Malheureusement, l’histoire de la Tunisie est en passe de prouver, de façon on ne peut plus convaincante, que Bourguiba mis à part et sans doute quelques autres rares cas surtout parmi son entourage, la plupart de nos politiques confondent fâcheusement la logique des affaires et la logique de la politique. La situation actuelle de notre pays semble conduire l’argumentation au plus haut degré de son effet.
La conséquence logique de ce constat est sans doute l’état d’exaspération explosive qui pèse sur les têtes des citoyens jusqu’à l’asphyxie et qui les lie à la moindre lueur d’espoir qu’ils percevraient ou imagineraient à l’horizon. Celle-ci se concrétise de plus en plus en la personne du président de la République Kaïs Saïed dans lequel les Tunisiens, et pas seulement ses électeurs, voudraient voir moins un Omar Ibn Al Khattab, plutôt mythique, qu’un Bourguiba aussi sincère, aussi patriote et aussi honnête que le premier, mais moins narcissique et plus démocrate.

Il faut reconnaître que plusieurs points sont communs aux deux hommes politiques : tous deux issus du commun du peuple, ayant emprunté le seul ascenseur vraiment social, l’école, spécialistes de droit même de filières différentes mais complémentaires, n’étant pas affamés du pouvoir lucratif mais du pouvoir constructif, n’ayant pas la voie libre pour exécuter à volonté les projets de leur rêve…

Cependant, en relation d’ailleurs avec cette liberté de manœuvre, les points de divergence dépasseraient le cadre personnel de chacun des deux chefs pour se confondre avec le contexte de leur exercice du pouvoir. Le contexte dans lequel Bourguiba avait pris le pouvoir après l’indépendance était tendu, jusqu’à la violence meurtrière ; mais le Leader avait un capital de base, son histoire dans le mouvement national et la pertinence de ses idées, toujours validées par les événements. Aujourd’hui K. Saïed entre en guerre contre la corruption, la démagogie, les lobbies, les coups bas, les magouilles avec les forces étrangères, etc. Ce sera donc son principal défi – un défi capital car loin d’être facile – d’engager un vrai redémarrage de la Tunisie sur des bases éthiques inaliénables présidant à une politique efficiente et à une dynamique de développement salutaire. Il commence déjà à en donner le signe !

On se doute bien que de nombreuses forces chercheront à lui mettre les bâtons dans les roues. Mais elles feront inévitablement long feu face à une mobilisation du peuple – cette fois, ce sera vraiment le peuple et non seulement le mot qui le désigne et la manipulation qu’il sert –, face à l’engagement de la société civile la plus étendue, face aux cadres intellectuels, administratifs, politiques et économiques dont l’amour de la patrie ne se mesure jamais à l’aulne des calculs d’épiciers et de l’égocentrisme égoïste qui peut conduire à la politique de la terre brûlée.

Ce week-end de la fête de la République est crucial, tranchant, doublement grave parce que les Tunisiens auront les yeux et les cœurs fixés sur le Palais de Carthage, avec une haute idée de Carthage, celle d’une Grande Tunisie pareille au Phénix, capable de renaître des cendres que ses ennemis, trop naïfs, voudraient croire siennes.

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