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  • 24/05/2016 à 15:10

Union Européenne, le test autrichien !

Union Européenne, le test autrichien !

Pr. Khalifa Chater

Coup de semonce en Europe, risque de tsunami, "le vent du boulé est passé tout prés". 

A Vienne, l'Europe retient son souffle, les élections présidentielles, auraient pu placer pour le première fois, un chef d'Etat d'extrême droite, à la tête d'un pays membre de l'UE. "L'Europe au  défi de l'extrême droite", affirmait le journal, Le Figaro (21-22 mai 2016). Le premier tour des élections, le 24 avril, avait éliminé les deux grands partis de la coalition : l'OVP (le parti conservateur) et le SPO (le parti social-démocrate).  Affiche inédite, Alexander Verder Bellen, l'ancien président des Verts, qui incarnait le rassemblement démocratique et  Norbert Holer,  qui représentait l'extrême droite étaient en lice. Prenons la juste mesure de la gravité de la situation,  Alliée de Marine Le Pen, ce parti a fait campagne contre l'immigration musulmane, pour la préférence nationale et contre l'UE. La menace de repli identitaire et la promotion électorale des eurosceptiques changeaient le paysage politique et pouvait annoncer une reconfiguration de l'Union Européenne, menacée par le Brexit et la crise grecque. La bataille politique était suivie de prés, en Europe où des mouvances radicales remettent en cause le consensus européen.

Tout au long du week end, le suspens était à son comble. A l’issue du premier tour, Norbert Hofer était, en effet, arrivé largement en tête, totalisant 35% des suffrages. Au terme d’un scrutin serré, l’écologiste Alexander Van der Bellen a été proclamé vainqueur de la présidentielle, en Autriche, lundi 23 mai, totalisant 50.3 % des suffrages exprimés. Une victoire remportée au terme du dépouillement des votes par correspondance. En effet, le candidat Norbert Hofer, issu de l’extrême droite, était donné vainqueur dimanche, d’une courte tête. Ce dernier comptabilisait en effet 51.8% des suffrages exprimés. Un résultat qui ne prenait pas en compte les 900.000 votes par correspondance (soit 14% du corps électoral), qui ont fait la différence en faveur d’Alexander Van der Bellen. Le péril est pour le moment écarté. Mais l'extrême droite a remporté prés de la moitié des voix, faisant valoir la division en deux de l'électorat  et les risques de compromis qu'elle pourrait mettre à l'ordre du jour.

Ne négligeons pas les effets d'entrainement de ce vote, en Europe. Certes, l'Autriche  est un avant-poste de l'Europe. Elle constitue une ligne de fracture depuis l'intégration de l'Europe centrale. Elle a, de ce fait, une situation spécifique, qui a été suscité par un basculement politique, confirmé  par l'effondrement des partis traditionnels. En dépit du développement modéré du chômage (de l'ordre de 9 %), l'Autriche a été plus affectée par une crise plus identitaire qu'économique.  En tout cas, le bon vivre des Autrichiens: "une société de cafés, de restaurants", semble  affecté. Pourrait-on l'expliquer par le flux des migrants ? Dans ce cas, de tels états d'âme conjoncturels pourraient susciter des dérives, dans d'autres pays. Mais une prise de conscience de l'opinion et une mobilisation des élites devraient assurer un retour aux normes d'une politique de lucidité, d'ouverture et de solidarité. La victoire de l'écologiste Alexander Van der Bellen est, de ce point de vue, un sursaut républicain significatif. 

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