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  • 13/09/2015 à 19:34

Yémen, état des lieues …!

Yémen, état des lieues …!
Pr. Khalifa Chater

Le Yémen est plongé dans un chaos politique total. Dérive de la transition politique, le pays, en plein désarroi, est l'objet d'une guerre civile. 
Le mouvement sécessionniste Houthi, issu de la minorité zaydite, une branche du chiisme était principalement implanté dans le nord. S'alliant à l'ancien président Salah et vraisemblablement soutenu par l'Iran, il  s'est rendu maître de Sanaa, le 22 septembre 2014. Il a étendu, depuis lors, son pouvoir, à d'autres régions. La réaction de l'Arabie Saoudite, ne s'est pas laissé attendre. Riadh prit la direction d'une coalition, soutenant le pouvoir légitime et engagea des raids aériens contre les rebelles. Depuis le 26 mars, date de son entrée en action, aux côtés des forces fidèles au Président Abd Rabo Mansor Hédi, la coalition paraissait impuissante. Ce qui confirme l'insuffisance  des raids aériens, sur le terrain, au Yémen, comme en Syrie et en Irak. 
Il aurait fallut quatre mois à l'armée Saoudienne, pour remporter sa première victoire au Yémen. La conquête le 3 aout, par les forces anti-houthistes, d'un immense camp de 15 km2, parachève la reprise d'Aden, mi-juillet. Cette percée est "l'aboutissement d'une opération clandestine, pilotée par les Etats-majors  saoudiens et émiratis et baptisée Golden Arrow". L'introduction par mer, dés le mois de mai, des forces spéciales de ces pays et des exilés yéménites, formés et équipés, en Arabie Saoudite, a préparé le terrain, par le débarquement ces derniers jours des véhicules blindés (Benjamin Barthe, "au Yémen, nouveau revers pour les rebelles, Le Monde, 7 aout 2015).  Les forces loyalistes ont repris en moins d'un mois aux rebelles chiites quatre provinces du sud du Yémen. La conquête du Nord est très avancée. Ne perdons pas de vue cependant qu'il s'agit d'une "guerre internationale présentée comme une guerre civile", d'une guerre géopolitique, masquée par une démarcation confessionnelle (Jean Michel Vernochet, "chape de silence qui couvre la guerre du Yémen "http://www.geopolintel.fr, mardi 23 juin 2015). La question est aggravée, bien entendue, par la géopolitique régionale, puisque le pouvoir de transition est soutenu, par les pays du Golfe, alors que les Houthis bénéficient de l'appui de Téhéran et de son allié la Russie. Les Etats-Unis sont des alliés du régime du président Abd Rabbo Mansour Hadi.  Mais un possible Deal entre les USA et Téhéran, - scénario que craignent les pays du Golfe - risque de relativiser leurs relations avec les USA et de changer la donne, à leurs dépens. D'ailleurs, la crise du Yémen suscite l'inquiétude des pays du Golfe. Elle pourrait constituer un explosif qui ébranlerait les rapports de forces.  Mais l'état des lieues semble annoncer plutôt une restauration du pouvoir de transition, ou pour quoi pas, un accord de coexistence, à défaut du statut quo. Prenant acte des nouveaux rapports de forces, Abdelmalek al-Houthi, s'est dit ouvert, le 2 aout à un "règlement politique". Deux jours plus tard, le pouvoir yéménite a annoncé sa participation la semaine prochaine à de nouvelles négociations annoncées par l'ONU. Les négociations ratifient les rapports de forces sur le terrain. La coalition compte sur une victoire militaire. Sanaa est en ligne de mire. Sa prise est désormais à l'ordre du jour.

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