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  • 08/08/2019 à 09:41

Zbidi et le bon sens d’une candidature

Zbidi et le bon sens d’une candidature

Par Mansour M’henni

Comme attendu et comme souhaité par une bonne part des citoyens tunisiens, Abdelkrim Zbidi a déposé auprès de l’Isie son dossier de candidature pour l’élection présidentielle du 15 septembre 2019.

Sa candidature me paraît mériter d’être perçue sous le label du bon sens, à la fois comme une candidature du bon sens et une candidature dans le bon sens.

C’est une candidature du bon sens dans la mesure où elle semble avoir été prise après mûre réflexion et décidée en pleine âme et conscience. Cela ne veut pas dire que le candidat n’a pas écouté les voix qui s’exprimaient autour de lui, pour lui ou contre lui ; cela veut tout simplement dire qu’il a intériorisé tous les messages et leurs effets et qu’il en a fait la synthèse qui engage son destin en étroite relation au destin de sa patrie.

C’est aussi une candidature du bon sens du fait qu’elle ne paraît pas s’inscrire dans cette danse extatique jusqu’à l’hystérie et cette bousculade narcissique jusqu’à la paranoïa autour du rêve, parfois déraisonné, de la présidence. En effet, sans compromission, de quelque genre que ce soit, ni allégeance contraignante et forcément inhibitrice, à court et à long terme, c’est une candidature de la responsabilité indépendante dans la coopération et dans l’entente solidaires avec toutes les forces soucieuses de servir sincèrement le pays, avant de penser à s’en servir.

C’est en cela aussi qu’elle est une candidature dans le bon sens. En effet, comme nous l’avions précédemment souligné dans une autre chronique, la candidature de Zbidi démarrerait sans l’handicap classique des candidatures indépendantes de 2014 et de 2019, en l’occurrence l’absence d’une base réconfortante d’électorat. L’appui de certains partis politiques, quels que soient leurs poids respectifs, le soutien d’une large frange des intellectuels et des personnalités de marque, l’adhésion d’une grande part de la société civile et surtout la caution inégalable de la centrale syndicale, l’UGTT, tout cela permet même de spéculer sur une victoire dès le premier tour, en cas de mobilisation disciplinée et de conscience incorruptible en cours de route.

C’est aussi une candidature dans le bon sens, car déjà conçue dans l’esprit de la constitution, avec ce que celle-ci accorde au Président comme initiatives et prérogatives et avec surtout la marge qu’elle lui permet d’être un vrai fédérateur et, dans les cas extrêmes, un arbitre juste et rationnel. D’aucuns réclament déjà un programme présidentiel ! Gare à cela, car le programme politique est une affaire de partis, mais un président indépendant est d’abord porteur d’une éthique. Or, l’éthique de base, Zbidi s’en est reconnu dès le départ en démissionnant de son poste de ministre de la Défense le jour même du dépôt de sa candidature. Tout laisse croire qu’il continuera avec le même esprit. Ceux qui, comme ma modeste personne, ont eu la chance de figurer, pour un temps, parmi ses proches collaborateurs et qui ont vécu ces moments comme ceux d’une amitié sincère pour l’intérêt de l’institution et de la nation, peuvent en témoigner. Mais pour la Tunisie et pour les Tunisiens cela est vraiment peu de chose devant le capital de confiance dont jouit cette personnalité, contre toute tentative de dénigrement, de calomnie ou de remise en question.

Pour tout dire, si elle atteint son objectif, grâce à la bonne raison des Tunisiens, la candidature d’Abdelkrim Zbidi serait à même d’ouvrir effectivement la voie devant la société tunisienne vers une démocratisation de la raison constitutionnelle, contre les fausses raisons de la démagogie politique. Attendons la réponse, le 15 décembre 2019.

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